Zhan Wenlian, 49 ans, est décédée d’un cancer du poumon le 8 mai. Enfin presque : son corps a été cryogénisé dans l’espoir de la faire revivre dans le futur. Une première en Chine.
Une cuve remplie de 2 000 litres d’azote liquide : le cercueil dans lequel a choisi de reposer Zhan Wenlian est un peu particulier. Mais la première Chinoise cryogénisée ne compte pas y passer le reste de l’éternité.
Le corps de cette femme décédée d’un cancer du poumon (et volontaire pour l’expérience) a été entièrement conservé dans l’espoir de pouvoir retourner à la vie dans le futur – si possible à un moment où l’on aura à la fois trouvé un moyen de la ranimer, et aussi un remède au cancer du poumon. La procédure a été réalisée dans les laboratoires du Yinfeng Biological Group, une entreprise privée spécialisée dans les techniques de préservation du corps humain, en partenariat avec l’université Shandong et l’entreprise américaine Alcor Life Extension Foundation, spécialisée dans la cryogénisation.
Le marché chinois, une opportunité pour la cryogénisation ?
Si plus de 300 personnes seraient actuellement cryogénisées à travers le monde, principalement au sein de deux instituts américains, Alcor et le Cryonics Institute, et un russe, Kriorus, le cas de Zhan Welian est une première en Chine. Pendant une procédure de 55 heures, son corps a été entièrement vidé de son sang juste après sa mort, et remplacé par une sorte d’antigel, avant d’être refroidi à une température de -196 degrès et plongé dans une cuve remplie d’un cocktail chimique de conservateurs, dont l’azote liquide, où il sera conservé pour durée indéterminée.
Contrairement à ce que l’on pense, le corps cryogénisé n’est donc pas congelé mais maintenu à une température assez basse pour que les cellules du patient ne soient pas endommagées (la formation de glace, au contraire, serait particulièrement agressive pour les cellules). La cryogénisation de Zhan Welian aurait coûté environ 300 000 dollars, sans compter les frais de conservation annuels (environ 50 000 dollars). Et évidemment, la ranimation des cellules est loin d’être garantie par les instituts qui proposent ces soins. Les patients misent en effet sur un futur qui sera en mesure de le faire, mais actuellement, impossible de dire si les corps cryogénisés pourront revoir la lumière du soleil.
Les frais de cryogénisation de la patiente chinoise ont été entièrement pris en charge par les partenaires à l’origine du projet et parmi lesquels on compte l’Alcor Life Extension Foundation, basée en Arizone et leader sur le marché, en tant que « consultant ». Et l’investissement en vaut la chandelle : selon le South China Morning Post, l’institut américain créé en 1972 espère bien avancer ses pions sur le marché chinois, où la croyance en l’importance de la conservation du corps intact après la mort est forte.
Et si le cas de Zhan Welian vous inspire, sachez qu’il faudra aller mourir ailleurs qu’en France. Si la loi du 15 novembre 1887 assure à chacun le droit d’organiser ses funérailles comme il le souhaite, un arrêt du Conseil d’État publié en 2006 interdit lui formellement la cryogénisation.