Retour sur la 5e édition de l’African Digital Week (ADW), tenue du 3 au 4 juin 2025 au Boulay Beach Resort

Durant deux jours, le Boulay Beach Resort (BBR) a accueilli les acteurs du numérique africain à l’occasion de la cinquième édition de l’African Digital Week (ADW), placée cette année sous le thème : « L’Afrique à l’ère de l’IA : innover, transformer, protéger ». Un rendez-vous devenu incontournable pour les experts, entreprises, institutionnels et jeunes innovateurs du continent.

Organisée dans un cadre mêlant nature et haute technologie, cette édition a mis l’accent sur un sujet aussi crucial qu’urgent : l’intelligence artificielle (IA) et sa place dans le développement de l’Afrique.

L’urgence d’une appropriation stratégique de l’IA

Dès le discours inaugural, le ton est donné. Redda Ben Geloune, Directeur Général de Aitek, appelle à une mobilisation continentale autour de l’IA :« L’Afrique ne peut pas rester spectatrice de la révolution de l’intelligence artificielle. C’est une opportunité de transformation profonde. Il est urgent que nous nous l’appropriions, de manière souveraine et responsable », a-t-il martelé.

Un propos qui trouve écho dans les échanges qui ont jalonné les deux jours de conférences, panels et ateliers.

Un état des lieux sans complaisance

Le panel inaugural consacré à l’état des lieux de l’IA en Côte d’Ivoire a permis d’établir un diagnostic lucide. Le Professeur Adama Konaté, Directeur Général  de L'École supérieure des technologies de l'information et de la communication ( Esatic) , a reconnu que la Côte d’Ivoire accuse un retard notable dans ce domaine stratégique.« Oui, nous avons du retard. Mais ce retard est en passe d’être comblé grâce à une volonté politique et à des initiatives structurantes », a-t-il souligné. Il a mentionné des programmes de formation, des partenariats avec des universités étrangères et des investissements dans des infrastructures de calcul.

Une volonté politique affichée

L’ouverture officielle des travaux a été présidée par le représentant du Ministre de l’Économie Numérique et de la Transition Digitale, Ibrahim Kalil Konaté,qui a rappelé les engagements de l’État ivoirien à intégrer l’IA dans ses stratégies nationales de développement.

Parmi les objectifs affichés : la création de pôles d’excellence en IA, le renforcement de la formation des jeunes, et l’intégration de l’IA dans les services publics.

IA et secteurs clés : finance, éducation..

Les panels thématiques de la première journée ont été consacrés à l’impact de l’IA sur la finance et l’éducation. Des secteurs particulièrement sensibles où l’IA offre autant d’opportunités que de défis.

Dans le secteur financier, les experts ont évoqué la possibilité de démocratiser l’accès au crédit via le scoring algorithmique, tout en alertant sur les risques de biais et de discrimination.

Côté éducation, l’accent a été mis sur l’usage de l’IA dans la personnalisation de l’apprentissage, la lutte contre l’échec scolaire et l’optimisation de la gestion administrative. Mais là encore, les intervenants ont insisté sur la nécessité de protéger les données personnelles des élèves et étudiants, et de former les enseignants à ces nouveaux outils.

Des défis à relever pour un avenir maîtrisé

Tout au long des discussions, une idée a fait consensus : l’Afrique doit adapter l’IA à ses réalités culturelles, économiques et sociales, et non se contenter d’importer des modèles occidentaux.

La 5e édition de l’ADW a ainsi permis de dégager plusieurs axes de travail :

la souveraineté technologique,

la formation massive aux compétences en IA,

la réglementation éthique et juridique,

et la coopération intra-africaine.

cap sur une IA africaine, inclusive et éthique

Alors que le monde entre de plain-pied dans l’ère de l’intelligence artificielle, l’African Digital Week 2025 a mis en lumière la volonté de l’Afrique de ne pas rater ce tournant historique. Si les défis sont nombreux, les opportunités le sont tout autant.

L’enjeu ? Construire une IA qui parle africain, pense africain, et répond aux besoins africains.

E.F