Dans la province
sud-africaine du KwaZulu-Natal (est), la politique est un jeu dangereux. Depuis
l'an dernier, plus de 40 militants y ont été abattus, victimes d'une guerre
sans merci pour le contrôle de la branche locale du Congrès national africain
(ANC) au pouvoir.
En bordure de la ville côtière de Durban, voici le tristement célèbre
quartier de Glebelands.
Derrière les murs de briques de ce complexe de 71 foyers à l'origine destiné
aux travailleurs migrants s'entassent dans le plus complet dénuement jusqu'à
20.000 personnes. Parmi eux se recrutent la plupart des acteurs des règlements
de comptes politico-criminels qui embrasent la région.
"C'est ici que les hommes politiques viennent chercher leurs tueurs à
gage", confie un résident de Glebelands qui refuse de décliner son
identité par peur de représailles.
Dans un abri criblé d'impacts de balles, ce père de famille de 48 ans est le
témoin quotidien et impuissant de ces sanglants jeux de pouvoir. "C'est
comme si le gouvernement n'existait plus", lâche-t-il, "il nous a
totalement abandonnés".
A la tête d'une association d'aide aux résidents, Vanessa Burger tient un
journal détaillé de tous les meurtres imputés aux "porte-flingues"
recrutés à Glebelands.
Son bilan a recensé 93 morts depuis 2014, la plupart victimes de
représailles politiques.
AF