L’artiste Dj Arafat, de
son vrai nom Houon Ange Didier a rangé le micro. Le porte-flambeau du
Coupé-décalé s’est éteint au matin du lundi 12 août 2019 à 8 heures dans une
clinique de la commune de Cocody (Abidjan) des suites d’un accident de la
circulation.
La musique ivoirienne vient de perdre un de ses
dignes ambassadeurs. DJ Arafat, 33 ans, a perdu la vie suite à un accident de
la circulation survenu vers 23 heures dans la commune de Cocody. L’artiste qui
était à moto est entré en collision avec un véhicule à un carrefour. Un choc
violent s’en suit. L’artiste se retrouve en mauvais état.
Aussitôt, passants et automobilistes se ruent sur
les deux accidentés. Les secours sont aussitôt joints. Ils arrivent et prennent
en charge les deux victimes qui vont être internés dans des hôpitaux.
Le célèbre artiste musicien aura lutté contre la
mort toute la nuit, mais « ses forces l’ont lâché à 8 heures » indique
Vanessa, une de ses proches.
Bien que n’étant pas encore rendue officielle, la
nouvelle de la disparition du « Daïshi » se repend comme une trainée de poudre.
L’hôpital où il recevait les soins est envahi par une foule de fans venus «
vérifier » l’information.
Peu avant l’édition de la mi-journée de RTI 1,
l’information avait été diffusée sur les
réseaux sociaux du groupe de médias publics. C’est à 13 heures, dans
le Journal que la présentatrice va faire lecture
du communiqué officiel du Ministère de la Culture annonçant le décès
d’Arafat.
Les réseaux sociaux s’enflamment. Dans le même
temps, un média en ligne affirme le contraire : « Dj Arafat n’est pas mort
(…) comme constaté sur place (…) par KOACI à 13H50 TU ». Cette mauvaise
information est fortement relayée, les fans s’en retrouvent réconfortés. Et
pourtant…
Il est 13H47 quand l’artiste Tina Glamour, la
mère d’Arafat arrive à l’hôpital. En larmes, mais ne sachant pas encore le
drame. Les « Chinois », surnom des fans d’Arafat, postés devant le centre de
santé, l’accueillent dans une liesse et la rassurent : « la mère, le Daïshi
s’est réveillé, il n’est pas mort ». Elle est installée à l’abri des regards.
Le hall ne désemplit pas. Un ballet de parents,
amis, connaissances qui veulent savoir si oui ou non Arafat est en vie. Le
cordon de sécurité autour de l’hôpital est mis à rude épreuve. La foule dehors
grandit, devient de plus en plus compacte, excitée et même surexcitée.
«
Arafat ne peut pas mourir » scandent les « Chinois ». « Ils ont essayé
de me tuer, mais je reste vivant. Vous ne pouvez rien parce que je demeure le
Yorobo », reprennent-ils en chœur l’une des chansons de l’artiste et bien
à propos.
Il faut trouver le moyen d’informer les fans sans
créer de troubles. Habib Marwane, membre du staff de l’artiste décide de porter
la nouvelle au millier de fans postés à l’entrée la polyclinique qui a
accueilli l’artiste. On l’installe à l’arrière d’un véhicule de la Police
nationale. Il se présente devant la foule qui exulte en le voyant, s’attendant
à une nouvelle réconfortante. La bonne nouvelle tant attendue ne viendra
jamais. « On a toujours été forts grâce à Dieu. Aujourd’hui, DJ Arafat est
mort. C’est la vérité » annonce-t-il, un chat dans la voix, dépité.
Stupeur, cris de détresse, de désolation, pleurs. « La Chine » est
officiellement en deuil. La Côte d’Ivoire aussi. L’Afrique et le monde n’en
demeure pas moins affectés.
C’est par une porte dérobée que nous quittons les
lieux.
Véritable phénomène musical, adulé pour son
talent mais aussi connu pour ses frasques, Dj Arafat était un personnage qui ne
laissait personne indifférent. Auteur-compositeur, interprète, arrangeur,
producteur, l’artiste avait révolutionné le Coupé-décalé au point d’en devenir
l’image, la figure de proue, l’emblème, le « Roi ».
Houon Ange Didier était un personnage à la double
facette aux multiples surnoms : Sao Tao le Dictateur, Yôrôbô, Commandant
Zabra, Daïshikan, Zeus, Beerus Sama, Termistocle... Si ses fans pleurent
l’artiste Dj Arafat, ses proches pleurent Ange Didier, l’humain, le frère,
l’ami, le père, l’homme au grand cœur.
Né le 26 janvier 1986 dans la commune de Yopougon
(Abidjan), Dj Arafat laisse derrière lui une mère inconsolable, une fiancée
déboussolée et quatre enfants. Le « Roi » du Coupé-décalé a vraiment abdiqué.
B’O